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L’opération EUROPA fête ses 20 ans a débuté par l’organisation, le jeudi 26 novembre, d’un colloque intitulé : « Construire et préserver la paix : une ambition européenne ».
Ce colloque, placé sous le patronage Monsieur M. Thorbjørn JAGLAND, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, et qui a réuni, au sein de l’auditorium de la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges, 125 participants, était organisé en étroit partenariat avec l’Institut International de Recherche sur la Conflictualité (IiRCO – Chaire d’excellence « Gestion du conflit et de l’après-conflit de la Fondation partenariale de l’Université de Limoges).
Pour le 20ème anniversaire de sa création EUROPA, a voulu, au travers du choix de ce thème, s’interroger sur le rôle de l’Europe – de l’Union Européenne mais aussi du Conseil de l’Europe – dans le patient travail de construction et de préservation de la paix sur son territoire et aux confins de celui-ci.
Si le choix d’EUROPA s’est porté sur le rôle de l’Europe dans la construction et l’enracinement de la paix, ce n’est pas simplement en raison de l’intérêt intrinsèque de ce sujet ni de sa dramatique actualité, soulignée par les attentats qui ont ensanglanté le sol français les 7 janvier et 13 novembre 2015. C’est également, et peut être avant tout, parce qu’EUROPA défend depuis 20 ans l’idée selon laquelle l’Europe est l’horizon, le seul possible, des nations européennes. Cette conviction, ce credo, s’enracine dans le fait que cet ensemble politique singulier, original, le plus vaste et le plus intégré au monde, le seul à pouvoir réellement constituer un point d’équilibre face aux pays émergents, à permis de concilier à la fois paix durable, niveau de vie élevé et haut degré de protection sociale. Elle puise également sa force dans la conscience de ce que l’Europe seule peut dépasser les appétits et les égoïsmes nationaux, les transcender, et nous inciter à regarder au-delà de nous-même.
Les propos liminaires de notre Président d’Honneur, Robert SAVY, ont été pour lui l’occasion de rappeler le rôle essentiel joué par l’Europe dans la construction de la paix après-guerre, combien le projet des pères-fondateurs de l’Europe – projet original en ce qu’il a reposé sur l’idée de rendre la guerre entre les deux ennemis héréditaires, la France et l’Allemagne, impensable et matériellement impossible par l’intrication et l’interdépendance de leurs économies, de leurs ressources et la création d’un marché unique du charbon et de l’acier – a garanti plus de 60 ans de paix sur le continent européen tout en jetant les bases d’une démocratie européenne.
Le Président SAVY a également souligné la fragilité et la vulnérabilité de l’Europe face aux nouvelles menaces auxquelles elle est exposée : le terrorisme nous confronte à des situations pour lesquelles nous ne sommes pas ou plus préparés et qui nous trouvent désemparés ; la paix en Europe est également menacée par l’oubli dans lequel nous sommes des épreuves traversées par les peuples européens, et par notre indifférence à celles auxquelles sont exposés nos voisins, notamment du bassin de la méditerranée.
A l’issue de cet exposé introductif, la matinée a vu se succéder deux tables rondes, consacrées respectivement à :
- La reconnaissance de l’UE comme un acteur majeur de la paix mondiale
- La responsabilité de l’UE dans le maintien de la paix sur son territoire et aux confins de ses frontières
La première table-ronde a conduit Pascal PLAS[1], Olivier KEMPF[2], et Rémy PROUVEZE[3] à s’interroger sur l’efficacité de la politique étrangère de l’UE (prix Nobel de la paix en 2012) au regard de l’ambition qui est la sienne d’être un acteur de la paix mondiale, ainsi et sur ses relations avec les autres institutions internationales exerçant un rôle en matière de maintien et de rétablissement de la paix et plus particulièrement l’OTAN, et l’ONU).
Dans le prolongement de ces réflexions, la deuxième table-ronde, animée par Emilie CHEVALIER[4], invitait les experts du réseau EUROPA Marius PROFIROIU[5], Stella KYVELOU[6], Bríd QUINN[7] et Antoniy GALABOV[8], à réfléchir aux rôles spécifiques, concurrents ou complémentaires, joués par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe dans la promotion de la paix sur le continent européen. Les intervenants se sont ainsi efforcé de préciser les modalités d’action des organisations européennes et leurs rôles spécifiques : médiateurs, régulateurs, ou intervenants dans le processus le prévention des conflits et de rétablissement de la paix ?
Délaissant une forme de « macro-analyse », insistant sur la question du rôle de l’UE et du COE dans la prévention et de la résolution des conflits en dehors des frontières de l’Europe, la seconde partie de cette journée d’étude a permis de s’interroger sur « la fabrique de la paix » par le travail de rapprochement des modèles d’administrations publiques, de convergence des standards de fonctionnement et des répertoires de valeurs, débouchant sur l’édification d’un véritable « espace administratif européen ». Ces premières analyses, conduites par les experts du réseau EUROPA ont été complétées par celles des enseignants-chercheurs et doctorants de l’Université de Limoges a propos de l’Espace judiciaire européen.
La première table-ronde de l’après-midi du 26 novembre était donc consacrée à « La construction progressive d’un espace administratif européen, facteur de diffusion de paix et de démocratie ». Elle a conduit les experts du réseau EUROPA : Antoniy GALABOV, José RUANO[9], Michel SENIMON[10], Margot BONNAFOUS[11], Franz CLEMENT[12], à expliquer, par une série d’exemples concrets et d’études de cas (la stratégie des macrorégions de l‘Union Européenne : l’exemple de la gestion du Danube ; la création La compagnie de gendarmerie fluviale franco-allemande sur le Rhin ; La Grande Région Saar – Lor – Lux – Rhénanie – Palatinat – Wallonie- Communauté française et germanophone de Belgique, située entre Rhin, Moselle, Sarre et Meuse), comment l’Union européenne et le Conseil de l’Europe ont favorisé la mise en place d’un espace administratif européen fondé sur des relations durables entre administrations, appelées à fonctionner selon des standards communs. Ces analyses ont été conduites à partir notamment de l’organisation et du fonctionnement des administrations publiques, de l’organisation territoriale des Etats (décentralisation ; déconcentration), du statut des agents publics
et, enfin de la participation des citoyens à l’élaboration des décisions publiques et à la conduite de l’action publique.
La dernière table ronde de cette journée d’étude était quant à elle consacrée à « La justice, facteur de consolidation de la paix et de la démocratie en Europe ». Animée par Caroline BOYER-CAPELLE[13], elle a offert à Laurent BERTHIER[14], Ludovic PAILLER[15], et Emilie CHEVALIER, l’occasion de rappeler et préciser de quelle manière le dialogue des juges a non seulement constitué un moteur de l’intégration européenne, mais également permis la promotion des valeurs de paix et de démocratie dans l’Espace européen et de quelle manière l’existence de standards européens en matière de justice a contribué au renforcement de l’Espace de liberté, de sécurité et de justice.
[1] Directeur de la Chaire d’excellence Gestion du conflit et de l’après-conflit.
[2] Chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques.
[3] Maitre de conférences en droit public, Université Paul Valéry Montpellier III.
[4] Maitre de conférences en droit public à l’Université de Limoges.
[5] Professeur et Doyen de la Faculté d’administration et management public de l’Académie d’études économiques de Bucarest, Vice-président d’EUROPA (Roumanie).
[6] Maitre de conférences, Université Panteion d’Athènes (Grèce).
[7] B.Ed (NUI), MA & PhD (Limerick), Lecturer in Public Administration and specialises in local governance and EU policies, University of Limerick (Irlande).
[8] Professeur en Sociologie Politique et de la Culture, Directeur du Département des Sciences Politiques, Directeur du Laboratoire des Politiques Publiques, Nouvelle Université Bulgare (Bulgarie).
[9] Professeur de sciences administratives, Université Complutense de Madrid, Vice-président d’EUROPA (Espagne).
[10] Délégué général d’EUROPA, DGSA-DRH de l’Université de Limoges.
[11] Responsable de formation/Senior Manager, Euro-Institut Kehl, Vice-présidente d’EUROPA (Allemagne).
[12] Docteur en sociologie, LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) (Grand-Duché du Luxembourg).
[13] Maitre de conférences en droit public, Université de Limoges-OMIJ.
[14] Maitre de conférences en droit public, Université de Limoges-OMIJ.
[15] Doctorant en droit privé, ATER, Université de Limoges-OMIJ.