Le Colloque EUROPA 2020 a été aussi l’occasion d’une présentation des projets territoriaux portés par la Région Nouvelle Aquitaine, la Communauté Urbaine Limoges Métropole et le Département de la Haute-Vienne qui font de la Nouvelle Aquitaine un territoire pionnier sur la question hydrique.
Première région agricole, avec des cultures (notamment céréalières) très consommatrices d’eau, 6 millions d’habitants et un climat qui se « méditerranéise », la Nouvelle-Aquitaine va devoir apprendre à consommer sa ressource avec parcimonie et à en restaurer la qualité (transformation du cycle de l’eau avec des précipitations plus concentrées et plus violentes, moins assimilées par les nappes souterraines). C’est là tout le défi que le territoire va devoir relever dans le domaine de l’eau, bien commun et fragile, autour d’un enjeu autant qualitatif que quantitatif.
La Région envisage la préservation et de la restauration de la ressource en eau (quantité, qualité, milieux et espèces) dans une logique globale de santé publique, d’attractivité, de développement économique et de résilience des territoires.
Malgré la diversité de la ressource, l’état des masses d’eau est globalement mauvais : 2/3 des masses d’eau superficielles sont considérées comme dégradées, 1/3 des masses d’eau souterraines sont en mauvais état chimique. C’est pour cela que la Région s’est dotée dès 2018 d’une Stratégie régionale de l’eau pour concilier les différents usages de l’eau et garantir sa qualité.
Face à ce constat, la Région s’engage :
Limoges Métropole travaille actuellement à l’élaboration d’un projet, pilote en Nouvelle Aquitaine, de transition vers l’efficacité hydrique. Sous l’impulsion d’entreprises de la filière (au premier rang desquelles Aquassay), Limoges Métropole se positionne pour devenir un des premiers territoires en transition hydrique d’Europe intégrant ainsi le réseau mondial des water sensitive cities.
« Limoges Métropole, Territoire en Transition Hydrique – LMTTH » est en premier lieu un projet systémique sur l’eau, visant à limiter les risques de rupture d’approvisionnement et limitant la pollution de l’eau à l’échelle du grand cycle de l’eau local. C’est aussi un projet « démonstrateur » dans la forme, mettant en place des expérimentations pour proposer des solutions nouvelles, innovantes pour le territoire. Enfin, c’est un projet avec une forte impulsion politique qui est « stratégique » ; l’eau, ressource économique clé, en particulier pour trois secteurs fondamentaux du territoire que sont l’agriculture, l’industrie et le tourisme, est également devenue un enjeu social de premier plan.
Vous l’aurez compris, il s’agit d’un projet transversal aux problématiques sociétales, environnementales et économiques, reposant sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs du cycle de l’eau – acteurs publics, privés ; industriels et ménages – ainsi que des ressources technologiques innovantes afin de mener des actions ciblées sur les usages de l’eau poursuivant les objectifs suivants :
Ce projet scindé en trois étapes (phase de diagnostic, déploiement d’un programme d’actions, mise en œuvre par des expérimentations) fera l’objet d’une gouvernance partenariale pilotée par Limoges Métropole. Pour apporter des éléments de benchmark à l’échelle européenne, Limoges Métropole souhaite proposer aux universités accompagnant le colloque EUROPA de participer à la réalisation d’une étude comparée sur les politiques publiques dans le domaine de l’eau et notamment, l’étude des politiques en Europe ayant eu un réel effet levier sur l’économie d’eau pour l’un de ces 3 usages : la consommation humaine, l’industrie et/ou l’agriculture. Le benchmark d’expériences positives, ayant eu un réel impact sur l’économie d’eau sur un territoire, qui pourront être de nature organisationnelles, opérationnelles et/ou financières, seront comparées au fonctionnement des politiques publiques de l’eau françaises pour analyser les possibilités ou les freins à leur mise en œuvre localement. De plus, cette étude de cas permettrait d’avoir des contacts pour d’éventuels échanges (tutorat, visites…) pour accompagner Limoges Métropole dans le positionnement de sa propre politique de l’eau.
Le Département, acteur conscient et engagé de la préservation de l’eau
Disposer d’eau en quantité et qualité suffisantes pour nos besoins tout en préservant au mieux les écosystèmes nécessite une gestion durable et équilibrée de cette précieuse ressource. Ceci ne peut se faire que de manière concertée.
Vitale, l’eau est une ressource fragile. Nos activités et les différents usages que nous en avons se répercutent à la fois sur sa qualité et la quantité disponible et ont des conséquences pour nous-mêmes, notre environnement et tous les êtres vivants. Sans oublier que l’action des uns peut affecter l’accès des autres à cette ressource. C’est pourquoi il est important de réfléchir à moyenne et grande échelle, et travailler conjointement. Ce que le contexte climatique actuel rend encore plus crucial.
Grâce à des contrats territoriaux, le Département vient en appui aux communes et intercommunalités qui mènent des actions ou travaux en faveur de l’alimentation en eau potable, de l’assainissement et de la restauration des cours d’eau. Outre une aide financière, son soutien est également technique. Pour décider quelles sont les actions les plus pertinentes, il s’appuie sur deux outils : les schémas départementaux d’alimentation en eau potable et d’assainissement, fruits d’un large travail collectif et qui sont renouvelés régulièrement. En effet, le Département travaille main dans la main avec d’autres acteurs notamment les Agences de l’eau Loire-Bretagne et Adour-Garonne, qui apportent elles aussi un soutien financier aux collectivités et associations. Une convention de partenariat a ainsi été signée entre l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, le Département et l’Agence technique départementale (Atec 87), afin d’œuvrer « au bon état écologique des masses d’eau en prenant en compte les différents usages locaux, tout en rappelant le principe de solidarité urbain-rural ». Et pour toujours mieux adapter sa politique publique à la situation du territoire et à son évolution, il initie et soutient des études et expérimentations. Une étude prospective sur la ressource en eau destinée à l’alimentation potable est ainsi menée par les services départementaux. Une autre, conduite par l’Établissement public territorial du bassin de la Vienne (EPTB Vienne), va se pencher sur les fonctions hydrologiques des têtes de bassin versant. Enfin, une expérimentation gérée par le Syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne et la Chambre d’agriculture va tester la mise en place des paiements pour services environnementaux sur des bassins à forts enjeux.
Au-delà, le département fait œuvre de projection et questionne ses actions à l’aune, notamment, des enjeux du changement climatique. C’est dans cet esprit qu’elle a organisé cette année les Assises de l’environnement et de la transition écologique, une consultation citoyenne en ligne qui a permis de collecter les propositions d’avenir des Haut-Viennois. Celles-ci nourriront un livre vert qui proposera, en regard, des engagements traduits en un programme d’actions concrètes.
L’eau est au cœur de toutes les préoccupations. Le département se réjouit qu’elle soit au cœur des débats de ce nouveau colloque Europa.