Olivier BOUBA-OLGA est Professeur des Universités (Université de Poitiers) et Chef de service « études et prospective » de la Région Nouvelle-Aquitaine
Quelle est votre conception du développement économique et territorial ?
Chercheur spécialiste des questions de développement territorial, j’insiste dans mes travaux sur l’importance de la diversité des territoires et sur l’enjeu qu’il y a à se nourrir de cette diversité. Il faut sortir de l’obsession consistant à chercher le territoire ou la catégorie de territoires la plus performante, cela n’est pas pertinent.
D’après vous, le développement économique doit-il reposer sur la compétition ou la solidarité des territoires ? Ou bien les deux ?
L’idée que les territoires seraient en concurrence les uns avec les autres est une idée trop présente, qui fait beaucoup de mal, et qui est contraire à ce que nous disent les travaux de recherche. En matière économique, la création de richesses et d’emplois se nourrit de la capacité des acteurs à se diviser le travail et à se coordonner efficacement. L’accent doit donc être mis non pas sur la concurrence territoriale, mais sur les enjeux de coopération territoriale, étant entendu que selon les sujets, les territoires qui doivent coopérer ne sont pas nécessairement les mêmes, il convient de se poser à chaque fois, pour chaque sujet, la question du « avec qui » on a intérêt à travailler. A côté de ce principe de coopération, il faut effectivement retenir un principe de solidarité : œuvrer pour que chacun dispose des mêmes choses où qu’il se trouve, et aider ceux qui sont dans la difficulté, sur un sujet ou sur un autre, là aussi quel que soit l’endroit où il réside.
A l’aune des crises qui se succèdent, sanitaires, environnementales et économiques, comment percevez-vous l’évolution du développement économique et territorial dans un contexte de transition ?
Dans le contexte français, un discours très élitiste avait émergé ces dernières années, faisant de la compétitivité des métropoles l’alpha et l’omega de la création de richesses et d’emplois en France. La crise des Gilets Jaunes, puis la crise Covid, ont au moins eu le mérite de mettre en débat ce discours. Il est clair qu’il est nécessaire de réinterroger les objectifs fondamentaux que l’on s’assigne, qui relèvent moins de la compétitivité de tel ou tel territoire que de notre capacité collective à répondre aux besoins présents et futurs des populations. Toute l’action publique devrait être tournée vers cet objectif général, qui passe par notre capacité à travailler ensemble.